Aujourd’hui basée à Londres, la créatrice espagnole Paula Canovas Del Vas prouve que la mode n’a pas de frontières en puisant son inspiration dans la culture nippone. Depuis toujours, la mode japonaise fascine la créatrice par sa technicité, son approche avant-gardiste et ses silhouettes en constante mutation.
Lors de la rédaction de sa thèse, Paula tombe sur l’analyse de Jun’ichiro Tanizaki qui, dans son ouvrage Éloge de l’ombre, décrit toute la spécificité de l’esthétique minimaliste et de la vie japonaise. Elle découvre également le wabi sabi, un concept à tendance spirituelle dérivé des principes bouddhistes zen et du taoïsme. Cette philosophie prône une élégance et une simplicité du design, ainsi que des valeurs de modestie et d’humilité.
Passionnée et déterminée, elle décide donc d’effectuer plusieurs voyages de recherche au Japon. Le dernier est d’ailleurs financé par la bourse
Jorn Langberg. Ces nombreux allers-retours lui ont permis d’instaurer une relation de confiance avec le pays. C’est pourquoi elle choisit
de mettre en vente sa première collection uniquement au sein du Dover Street Market à Ginza, quartier tokyoïte réputé pour ses nombreuses boutiques haut de gamme.
Diplômée de la Central Saint Martins, la très prestigieuse école de mode londonienne, la jeune designer interpelle dès ses premiers pas au sein de la sphère mode grâce à une imagination débordante, qu’elle a mise à profit lors d’une collaboration avec Nike pour le lancement de la Vapormax ou lors de stages réalisés au sein des grandes maisons de haute couture comme Maison Margiela ou Gucci.
C’est sous la tutelle de John Galliano, le directeur artistique de la Maison Margiela, puis d’Alessandro Michele à la tête de Gucci, que Paula prouve qu’elle a sa place parmi les plus grands. Mais son envie d’indépendance prend rapidement le dessus et elle choisit de prendre son envol et de créer sa propre marque au début de l’année 2018.
Si le Japon semble être son pays de cœur, c’est au sein de la capitale parisienne, au bord du canal Saint-Martin, que la jeune créatrice décide de défiler pour la première fois début 2019. Dès les premiers looks, Paula Canovas instaure son univers multidimensionnel avec des silhouettes plus loufoques les unes que les autres. Vivement inspirée par l’univers surréaliste du réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky, la designer dévoile un jeu de proportions et de volumes déconcertant.
On retrouve une mini robe à frange orange, des chaussures en mohair de toutes les couleurs, une doudoune matelassée vert anis, des tops en latex moulants ainsi que des hauts aux épaules exagérées, rappelant la mode des 80’s dictée par Claude Montana et Thierry Mugler. Aussi, pour accentuer le côté absurde de son cat walk, Paula a choisi de maquiller les yeux de ses mannequins avec des couleurs fluorescentes et de les coiffer de façon à ce que leurs cheveux s’apparentent à des antennes.
Ses créations évoquent l’esthétique manga, ainsi que la mode conceptuelle de Rei Kawakubo, la directrice artistique de Comme Des Garçons. Paula Canovas surprend avec son audace, son mélange des matières et une certaine mixité culturelle qui annoncent une nouvelle ère rétro-futuriste japonaise au sein de la mode.