Kanji Hama, fier représentant de la technique du katazome

14.10.2019

©KANJI HAMA

Kanji Hama, 69 ans, est l’un des derniers Japonais – si ce n’est le dernier – à réaliser à la main de la teinture à l’indigo, selon la technique du katazome, populaire pendant la période Edo. Cela lui prend plusieurs semaines, quand aujourd’hui il ne faut pas plus d’une heure à une machine pour réaliser une tâche similaire.

Là où des millions de jeans sont teints à l’indigo chaque année par des machines, Hama ne s’occupe que d’une poignée d’articles par an, principalement des kimonos qu’il teint de A à Z. Il crée lui-même ses motifs, confectionne une pâte et se lance dans un long processus pour l’appliquer sur le tissu à l’aide d’un pochoir confectionné sur mesure. Le tissu, trempé ensuite dans des cuves d’indigo, révèle des motifs blancs.

Hama s’est confié au New York Times. Il raconte qu’il lui faut plus d’une douzaine d’étapes – et plusieurs semaines – pour réaliser chacun de ses projets. Ce long processus, pour lui, est loin d’être un travail ingrat. C’est, au contraire, ce qui fait l’essence-même et toute la beauté de son métier : “L’artisanat, c’est le fait de réaliser quelque chose de ses mains. Lorsqu’un produit est manufacturé, ce n’est plus de l’artisanat”, martèle-t-il au journaliste.

Hama se refuse à mettre par écrit son processus, pour le transmettre à d’autres. La raison : il estime que son art va bien au-delà des mots et des gestes – il s’agit, est-il convaincu, d’un exercice que seul celui qui pratique sa discipline au quotidien, avec rigueur et amour, peut vraiment maîtriser. Ce savoir-faire, Hama le tient de son père et de son grand-père. Peut-être son fils lui emboîtera-t-il le pas, mais rien n’est moins sûr : l’artisan, sûr que sa pratique demande trop de travail pour les jeunes générations, est presque certain qu’elle se perdra avec lui.

©KANJI HAMA

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