Le pèlerinage de Shikoku, une pratique pas si inhabituelle

23.11.2019

TexteRebecca Zissmann

©Christopher A Tittle

Bien connue des Japonais pour son pèlerinage aux 88 temples, l’île méridionale de Shikoku intéresse de plus en plus les voyageurs étrangers. Sauvage, parcourue par d’immenses forêts, l’île vaut la peine d’être apprivoisée.

Le pèlerinage de Shikoku est consacré à Kobo Daishi, aussi appelé Kukai, qui a créé la branche Shingon du bouddhisme japonais. On dit qu’il accompagne chaque pèlerin dans sa marche. Le parcours qui relie les 88 temples fait près de 1200 km. Il faut environ six semaines pour le compléter à pied même si de nos jours, la plupart des pèlerins se déplacent en vélo ou en transports pour éviter la fatigue.

Quelques irréductibles perpétuent la tradition du pèlerinage à pied. Ils revêtent alors la cape blanche oizuru et le chapeau conique suge-kasa caractéristiques des ohenro-san, comme les nomment les habitants de Shikoku (henro signifie pèlerinage). Parmi ces pèlerins, les étrangers en quête de spiritualité sont en augmentation.

Les raisons sont multiples. Certains cherchent à améliorer leur santé en pratiquant une activité physique dans un cadre idyllique qui permet le rapprochement avec la nature. Pour d’autres, c’est la rencontre avec les locaux, très impliqués dans l’accueil des pèlerins, qui est essentiel. A Shikoku, l’osettai, l’hospitalité des habitants, fait partie intégrante du pèlerinage. Les riverains aiment à croiser les visiteurs de passage et échanger avec eux sur leur expérience.  Ils ne leur refusent jamais une collation ou un abri en cas de pluie.

Alors que les pèlerinages sont prisés en Europe où les routes de Saint Jacques de Compostelle ne désemplissent pas, le Japon fait aussi le pari de présenter sa culture sous cet aspect insolite. Le Shikoku Henro a ainsi été sélectionné par l’Office du Tourisme japonais pour figurer parmi les sept routes touristiques majeures du Japon.

Cette pratique ne date d’ailleurs pas d’hier car le premier étranger à avoir fait le pèlerinage de Shikoku était l’anthropologue américain Frederick Starr en 1921. Il avait été si heureux de son accueil au sein des 88 temples qu’il avait écrit à chacun pour les remercier à la fin de son voyage.

©Christopher A Tittle

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