Le temple des mousses, un écrin poétique à Kyoto

18.10.2019

WordsClémence Leleu

©Ivanoff

Lorsque l’on déambule au milieu de ces arbres aux troncs grisés de lichens et ces parterres recouverts de mousses, on pourrait avoir l’impression d’être propulsé à l’intérieur d’un film de Miyazaki. Dans un moment hors du temps, où la nature orchestre un sublime spectacle de clair-obscur, les rayons du soleil éclairant subtilement les mousses duveteuses entre les feuillages denses des érables et des bambous. 

Le temple Saiho-ji, bâti au VIIIe siècle, est situé à l’ouest de la ville de Kyoto. Surnommé aussi Kokedera, littéralement, temple des mousses, il renferme plus de 120 essences de ces végétaux se parant de couleurs variées au fil des saisons. Le tout, dans une atmosphère rafraîchie par le doux bruit de l’eau qui rigole çà et là, avant de rejoindre l’étang, situé au milieu du jardin et dont la forme représente le caractère japonais du cœur.

Dans la partie supérieure du temple se niche également un jardin zen : une composition de rochers y recrée la forme d’une cascade. Cet arrangement est considéré comme le premier exemple de jardin sec au Japon. 

Un jardin inscrit à l’Unesco

Avant de pouvoir pénétrer au cœur de cet espace vert inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, le visiteur est invité à participer à une cérémonie bouddhiste au cours de laquelle les moines récitent une prière. Pendant ce temps, chaque visiteur doit recopier la calligraphie d’un sutra en kanji. Un instant presque méditatif qui plonge directement dans l’ambiance si particulière du temple Saiho-ji.

Et ce temple bouddhiste se mérite. En effet, afin de protéger les mousses qui avaient été quelque peu endommagées par les trop nombreuses visites, les gestionnaires du Saiho-ji ont mis en place toute une procédure afin de continuer à accueillir les visiteurs, tout en préservant la santé des mousses centenaires. 

Une visite ritualisée

À vrai dire, il s’agirait presque davantage d’un cérémonial que d’une énième formalité administrative. Car ici, ni formulaire de contact, ni mail à envoyer. Pour espérer passer les portes du  Saiho-ji, il faut adopter sa plus belle écriture et se lancer dans la rédaction d’une lettre manuscrite, en anglais, pour demander l’autorisation de visite. Le temple met un modèle à disposition sur son site internet.

Dans ce courrier, à envoyer de préférence deux mois avant le départ, doivent figurer le nom des différentes personnes prenant part à la visite et les différentes dates souhaitées. En effet, pour mettre toutes les chances de son côté, il est préférable de proposer plusieurs dates, le temple réduisant drastiquement le nombre d’entrées quotidiennes depuis quelques années. 

Il ne reste plus ensuite qu’à guetter sa boîte aux lettres, où arrivera quelques semaines plus tard un coupon retour avec indiquées la date et l’heure de visite attribuées par le temple. Attention, les admissions ne peuvent souffrir aucun retard, si vous n’êtes pas présent à l’heure exacte, la visite risque bien de vous être refusée.

©Akuppa John Wigham

©Bryan Ledgard

©Akuppa John Wigham

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