Golden Gai, une expérience nocturne dans le quartier des bars rétro

19.04.2019

WordsSolenn Cordroc'h

L’un des rares endroits de Tokyo où il est encore possible d’expérimenter l’ambiance “showa retro“, terme évoquant un sentiment de nostalgie, se situe dans le quartier de Shinjuku. Golden Gai, ou le district d’or, est un labyrinthe d’au moins 200 bars qui plonge instantanément dans l’ancien Tokyo, miraculeusement préservé d’un environnement aux grandes tours bétonnées.

Repaire prisé par les tokyoïtes noctambules, Golden Gai est dédié à la vie nocturne. Chaque bar, ne pouvant accueillir qu’entre 5 à 30 personnes maximum, se distingue de son voisin par sa décoration surprenante, sa carte de boissons originales ou ses activités flamboyantes comme le prisé karaoké. L’emplacement restreint à l’intérieur des établissements oblige les clients expatriés ou japonais à s’attabler au comptoir. Ils entament ainsi plus facilement une discussion, qui peut durer jusqu’à la fermeture, à cinq heures du matin. Néanmoins, certains n’acceptent dans leur antre qu’une clientèle d’habituée. Si un inconnu y pénètre par mégarde, il se rendra rapidement compte de sa présence non tolérée par un serveur qui énoncera en toute subtilité que toutes les places sont d’ores et déjà prises, même si les sièges sont vides. Loin de se laisser abattre, l’étranger pourra continuer sa quête. Si le Golden Gai peut laisser penser à des prix attractifs, il est cependant très commun de devoir payer un droit d’entrée avant de commander des consommations. Loin d’être bon marché, cela vaut tout de même l’ambiance. Parmi l’ensemble des bars, quatre tirent leur épingle du jeu grâce à des prix plus intéressants, des décors saisissants et une jovialité à l’égard des touristes. 

Albatross. Oscillant entre baroque et victorien, la décoration excentrique, constituée de miroirs dorés, de chandeliers, de têtes de cerfs et de boules à facettes, attire l’œil des visiteurs vers ce bric-à-brac clinquant. Autrefois une maison de passe, l’Albatross est l’un des bars les plus spacieux du Golden Gai avec ses deux étages et son toit-terrasse.

La Jetée. Nommé ainsi en l’honneur du long-métrage de Chris Market, le bar est une institution pour toutes personnes gravitant dans la sphère cinématographique. La patronne discute avec plaisir des films de la Nouvelle Vague et en français, à moins qu’elle ne soit présente comme chaque année au festival de Cannes. On murmure que Quentin Tarantino, Francis Ford Coppola et des actrices comme Juliette Binoche se précipitent à La Jetée lors d’un passage à Tokyo.

Deathmatch in Hell. Lieu de pèlerinage pour les fans de death metal et de films d’horreur, le Deathmatch in Hell résonne fortement de musique rock et passe en boucle des films d’horreur avec distribution de pop corn gratuit, à condition de s’acquitter d’une consommation au prix moyen de 666 yens.

Tachibana Shinsatsushitsu. Des étranges bocaux de formol, maquettes de squelettes et crânes trônent fièrement sur le comptoir de ce bar à la décoration médicale. Les serveurs, affublés d’un uniforme d’infirmière, servent des cocktails inventifs au nom évocateur comme le Chounai Senjou, littéralement “irrigation du côlon”.